Axel Schulz : Triple champion…sans couronne

May 20, 2020 Archives, boxe, Uncategorized
George Foreman gegen Axel Schulz 1995 | MDR.DE

Par Jeff Jeffrey

Cette année marque le 25e anniversaire de l’un des vols les plus disgracieux de l’histoire de la boxe, Axel Schulz contre George Foreman le 22 avril 1995. Ce sombre événement aura des répercussions sur la boxe allemande et internationale par le fait même qui dureront un peu plus de 20 ans, nous y reviendrons.

Foreman venait de réaliser l’impossible le 5 novembre 1994 en devenant le plus vieux champion des lourds de l’histoire à 45 ans avec une victoire contre Michael Moorer, qui venait de détrôner nul autre qu’Evander Holyfield.

La réalisation fut si forte, qu’on cherchait à garder Foreman champion le plus longtemps possible, maintenir la vivacité du mythe. Pour ce faire, il fallait trouver un adversaire crédible, mais non dangereux pour Big George. Entre en scène, Axel Schulz, un jeune boxeur allemand qui détenait au mieux un verdict nul contre Henry Akinwande et une victoire difficile contre un James Bonecrusher Smith vieillissant.

Il existe des boxeurs qui se lèvent lorsque l’occasion se présente. Ce fut le cas de Schulz qui a dominé outrageusement avec sa vitesse, son excellent jab, sa main droite chirurgicale et ses déplacements latéraux contre un Foreman qui avait finalement l’allure de son âge. Schulz remporte facilement 10 des 12 rounds mais se fera voler par décision majoritaire en faveur de George au MGM Grand de Las Vegas. Foreman sera dépossédé du titre de l’IBF pour avoir refusé une revanche à l’Allemand.

Ce refus donnera une seconde chance à Axel au titre le 9 décembre 1995, cette fois en Allemagne contre le Sud-Africain, François Botha. On dit que l’éclair ne frappe pas deux fois au même endroit et bien malheureusement pour Schulz il sera victime d’un autre vol. Sans oublier que Botha sera testé positif aux stéroïdes et perdra le titre l’IBF pour cette faute. Le titre tombe vacant pour la deuxième fois en moins d’une année.

Avant d’aller plus loin, il est juste et avisé de se demander pourquoi on ne voulait pas d’Axel Schulz comme champion du monde. Dans un contexte d’une guerre froide fraîchement terminée, jamais l’IBF n’aurait permis que l’un de leur champion soit issue de l’Allemagne de l’Est, en plus d’avoir été un officier infiltrateur de la Stasi en Allemagne de l’Ouest. Schulz était également un produit du puissant programme amateur de boxe communiste alimenté par l’Union des républiques socialistes soviétiques.

On dit que la troisième fois est la bonne. Cependant, cette règle ne s’applique pas à Schulz alors qu’il se mesurait à Michael Moorer le 22 juin 1996 pour le titre vacant de l’IBF qui semblait désormais représenter plus une malédiction qu’un rêve. Aussi improbable que ce soit et ce, devant une Allemagne prête à couronner leur deuxième champion des lourds depuis Max Schmeling en 1932, Axel fut cambriolé à nouveau par deux des trois juges, chez  lui en plus. Pourtant, il avait de toute évidence contrôlé Moorer. Devant la foule révolté, un jeune aspirant découragé, le promoteur de ce dernier Wilfred Sauerland décida à ce moment que les décisions douteuses, c’est lui qui les influencerait. De cette façon il bâti un empire et plongea l’Allemagne dans une ère disgracieuse de vols et de verdicts controversées qui durera un peu plus de 20 ans.

Qu’est-ce que tout promoteur cherche ? Le contrôle. Celui de déterminer qui gagnera le combat et qui sera champion. Il existe plusieurs moyens pour y arriver ; Choisir les gants, la grandeur du ring, le lieu du combat, les juges, l’arbitre est très souvent acheté un classement pour son ou ses boxeurs. Si cela ne suffit pas, c’est là ou les visions du combat qui seront achetées pour en déterminer l’issue. Penser autrement relève de la fiction ou la naïveté.

Heureusement, cette histoire se termine bien. Schulz agit en tant que commentateur de boxe pour la télévision allemande depuis la fin de sa carrière dans le ring. Alors qu’il était présent pour décrire le duel entre Tom Schwarz et Tyson Fury en avril 2019, le président de l’IBF, Daryl J. Peoples a remis une ceinture de champion de cette prestigieuse organisation à Axel avec des excuses pour les mauvaises décisions à son égard, notamment celle contre George Foreman. Désormais, l’IBF reconnaît officiellement Axel Schulz comme membre de sa grande famille de champion du monde. Un honneur grandement mérité.

Triplement mérité, dirais-je.

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