Par Jeff Jeffrey,
Chroniqueur boxe, TVA Sports-Le Champ de Bataille – JIC

Le 8 juillet 2020 restera un jour sombre dans l’histoire de la boxe du Québec. En effet, le santé publique de la province décidait que l’élaboration d’un vaccin serait nécessaire pour la reprise de cette discipline. Hors, la mise en place de la fameuse vaccination ne débutera pas avant au moins une autre année. L’industrie du combat d’ici n’y survivra pas. Avec la reprise des sports de groupes, il est légitime de se demander pourquoi la boxe est traitée avec une telle sévérité ou mieux, une injustice.
Le 11 mars dernier, la boxe fut le premier secteur que la santé publique fermait pour la sécurité de tous.
Dernièrement, le gouvernement a autorisé le retour des sports en groupes comme le hockey et le soccer. On a également procédé à l’ouverture des bars et des plages avec des conséquences graves pour la contraction du coronavirus. Beaucoup de joueurs de la LNH ont été testés positifs, notamment chez les Blues de St-Louis, sans compter que pour ces sports, il y aura du va-et-viens du côté de la frontière canado-américaine pour veiller à leur pérennité.
Marjorie Larouche, représentante médias de la santé publique m’a informé cet après-midi que la position du gouvernement demeure ferme en cette matière, parce que le danger de propagation est plus grand dans les sports de combats et surtout à huis clos. Le danger de transmission de gouttelettes par la salive et le sang sur les gants qui seraient projetés sur une distance de plus de 2 mètres est également évoqué pour justifier la décision de Québec.
On me dit aussi que les amphithéâtres de hockey sont plus grands, donc plus aérés. Pour ce qui est des stades de soccer, ils sont souvent à ciel ouvert, ce qui limite le risque selon eux. Mais quand est-il des vestiaires ? Ils ne sont pas à ciel ouvert. La complication est très présente dans ce lieu et étrangement je n’ai pas eu de réponse à cette question.
Comment le danger pourrait-il être présent si on teste les pugilistes et un personnel réduit de soutien 14 jours avant les combats comme on le fait au Nevada depuis 1 mois déjà? En cas de cas positifs, on reporte ou annule le duel, point final. Le protocole mis en place à Las Vegas fonctionne et on cherche à s’en inspirer ici afin de relancer notre boxe.
Tout cela est un non-sens. Je m’explique : comment un combat de boxe de 10 et 12 rounds et moins présente plus de risques d’infections qu’un match de hockey de trois périodes de 20 minutes avec des changements aux bancs ou encore une joute de soccer de 2 périodes de 45 minutes avec contacts entre les joueurs ?
On tente tout simplement de tuer la boxe et les autres sports de combats. L’idée d’encenser le noble art a toujours déplu aux gouvernements en place dans le passé dû à la violence. Aucune promotion ou organisation comme la Fédération québécoise de boxe olympique n’ont bénéficié de subventions de la province. La boxe s’est débrouillé et développé seule, malgré la mauvaise réputation dû aux commissions d’enquêtes Héron et Bernier et de certains mauvais ambassadeurs comme Davey Hilton Jr. On a pareillement d’excellents modèles au fil du temps, comme Éric Lucas, Lucian Bute et Marie-Ève Dicaire. Sans oublier Kim Clavel qui a lutté en première ligne pour le peuple québécois contre la COVID-19 et a remporté le trophée Pat Tillman en guise de reconnaissance.
Cette décision pourrait causer un exil de nos athlètes chez nos voisins du sud ou ailleurs.
La perspective de la santé publique qui tient la route est la suivante. Il faut réfléchir une seconde à qui en est le responsable, le Docteur Horacio Arruda. Rare sont les docteurs qui ont eu un préjugé favorable envers la boxe.
En définitive, sur une note plus personnelle, la boxe a aidé beaucoup de jeunes égarés comme moi. Elle m’a appris la confiance en moi, la discipline, comment vaincre mes peurs et surtout l’importance de regarder les gens dans les yeux et m’affirmer, moi qui avait la trouille sans relâche en grandissant.