Marie-Ève Dicaire: Je veux que la boxe féminine prospère davantage

April 22, 2021 Archives, Blog, boxe, Chroniques

Entrevue avec Marie-Ève Dicaire

Marie-Ève Dicaire

Par Jeff Jeffrey, Chroniqueur boxe TVA Sports, JiC.

Une autre opportunité pour un titre majeur illumine à nouveau l’impressionnante carrière de Marie-Ève Dicaire (17-1). En effet, depuis une défaite à grande saveur de victoire aux mains de Claressa Shields, la porte s’est rapidement ouverte puisque Dicaire affrontera Patricia Berghult (14-0, 3 ko’s) le 18 juin prochain pour le titre WBC des super mi-moyens que T-Rex laissera vacant dans les prochaines semaines.

Étant la première championne de l’histoire du Québec, Marie-Ève prend l’habitude d’établir de nouveaux chapitres dans le livre de la belle province en prenant part à la carte la plus populaire du récit de la boxe féminine avec Shields.  À présent, elle tente de devenir la seule pugiliste québécoise à remporter deux titres.

La charismatique Marie-Ève a accepté de discuter avec moi de son prochain combat et de ce que la boxe féminine a de besoin pour prospérer davantage.

Jeff Jeffrey : Depuis la conquête de ton titre IBF face à Christina Namus en 2018, ta popularité est en constante croissance. De plus, tu auras la chance de devenir la première femme de l’histoire du Québec à devenir deux fois championne du monde.

Marie-Ève Dicaire : J’ai toujours voulu accomplir de grandes choses dans la vie pour inspirer les gens. J’ai à nouveau la chance de le faire contre Patricia Berghult le 18 juin prochain.

JJ : Tu as affronté la meilleure boxeuse de l’histoire du noble art. Es-tu d’accord d’affirmer que ton inspirante performance du 5 mars se traduit plus en victoire qu’en défaite en t’ouvrant la porte sur un autre combat de championnat ?

MD : Clairement ! Ce n’est pas le résultat que j’espérais. Quand je monte dans un ring, je le fais pour gagner. Par contre, je suis fière du travail qu’on a accompli. J’ai beaucoup appris, ma relation avec Yvon Michel, mon promoteur a grandi et mon équipe et plus soudé qu’avant. On n’a pas dégringolé dans les classements, je suis demeurée aspirante numéro un dû à ma performance.

JJ: J’avais mentionné à Jean-Charles Lajoie à son émission JiC sur les ondes de TVA Sports qu’en cas d’une grande performance de ta part et dû au fait que Claressa Shields veut tout faire à la fois, elle ne pourrait garder l’entièreté de ses titres et tu te retrouverais à nouveau rapidement en championnat du monde.

MD : C’est ce qui se passe. En tenant tête à Shields, je suis toujours en bonne position pour un autre titre, comme celui de la WBC. Shields va aller en MMA et à son retour à la boxe, il y a de fortes chances qu’elle ne revienne pas à 154 livres. Donc, c’est impossible pour elle de répondre aux critères de défenses, ce qui fait qu’elle doit abandonner des titres. Je n’avais pas envie de recommencer en bas de l’échelle et je pense que ma résilience a porté fruit.

JJ : J’ai vu des boxeuses se décourager contre Shields, Christina Hammer, Hanna Gabriels en autres. Mais ça n’a jamais été ton cas. Tu n’as pas abandonné.

MD : Malgré la défaite, j’ai eu une grande vague d’amour des gens, c’était incroyable. J’ai toujours été en mode solution pour l’emporter durant le combat. J’ai réussi à la bousculer dans les derniers rounds, mais elle a une bonne vitesse d’exécution.

JJ : Crois-tu que des rounds de 3 minutes auraient fait une différence ?

MD : Absolument ! Avec une minute de plus en la bousculant, je l’aurais fatiguée davantage. Je suis boxeuse très endurante et je n’aurais aucun mal à faire 12 rounds avec le même niveau d’énergie.

JJ : Ce qui est admirable aussi, c’est que tu es tout de suite retournée à l’entraînement dès la fin de ta quarantaine.

MD : Je suis incapable de rester à rien faire à la maison et je suis une bête de gym. J’ai tout de suite contacté mon entraîneur Stéphane Harnois et le reste de mon équipe pour que les choses bougent pour la suite de ma carrière.

JJ : Qu’est-ce que Yvon a dit de ta performance ?

MD : Il était extrêmement fier et il trouvait que j’étais à mon meilleur dans le ring. Cela dit, il y a place à l’amélioration. C’est vraiment positif, car ça veut dire que ce n’est pas la fin.

JJ : Que peux-tu nous dire sur ta prochaine adversaire, Patricia Berghult.

MD : À ce moment-ci, pas grand-chose. Ma concentration était vraiment juste sur Shields. Toutefois, mon entraîneur l’a analysée de long en large et la stratégie est déjà prête. Donc on est prêt à commencer le travail.

JJ : On a vu l’intégration des femmes aux jeux olympiques de Londres en 2012, la reconnaissance des femmes par les associations comme la WBC, WBA avant 2010, la WBO, cette même année et l’IBF a finalement embarqué en 2014. L’énorme succès du gala Shields-Dicaire a marqué un point tournant. Qu’est-ce que la boxe féminine a besoin pour continuer sa progression ?

MD : Des rounds de 3 minutes et je pense qu’après les prochaines olympiques, la qualité des boxeuses sur la scène mondiale sera encore meilleure, donc les combats seront plus compétitifs, on va gagner en crédibilité. On est loin des pugilistes comme Lisa Noel Garnen. Les boxeuses aujourd’hui ont des meilleurs programmes d’entraînements et les femmes sont de plus en plus prises aux sérieuses quand elles entrent dans un gym et disent qu’elles veulent faire carrière. Il faut permettre aux jeunes filles de rêver et leur permettre de vivre d’une carrière en boxe.

Tout est régit par la loi de l’offre et la demande, on se bat pour l’égalité salariale avec les hommes. Plus les gens achèteront nos combats, plus nous aurons des bourses intéressantes. Pour ça le produit doit être bon et à mon sens il est de mieux en mieux. Les médias couvrent les boxeuses davantage. Ce qui aide énormément.

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