Rencontre avec une guerrière et héroïne.

January 27, 2022 Archives, Blog, boxe, Chroniques, Podcasts
Maiva Hamadouche (22-2, 18 ko’s) championne IBF des super plumes 2016-2021

Entrevue avec Maïva Hamadouche,

Par Jeff Jeffrey, Chroniqueur boxe à TVA Sports et 91.9 FM Sports.

Récemment, le Québec a eu la chance d’accueillir Maïva Hamadouche (22-2, 18 ko’s), championne IBF des super plumes 2016 à 2021 et la lauréate du combat de l’année avec Mikaela Mayer toujours en 2021. Surnommée El Veneno (le poison), Hamadouche a quitté sa France natale pour poursuivre sa carrière avec le clan Ramsay à Montréal, plus spécialement avec Samuel Décarie-Drolet, entraîneur et élève de Marc Ramsay.

La réputation de Marc Ramsay n’est plus à faire avec cinq champions du monde à son actif. Avec Jean Pascal, David Lemieux, Artur Beterbiev, Eleider Alvarez et Oscar Rivas, Ramsay et son équipe attire l’attention des boxeurs et boxeuses de la trempe d’Hamadouche à travers le monde. Sans oublier que Samuel travaille avec la majorité des boxeurs de son mentor comme Arslanbek Mahkmudov, Erik Bazinyan, Christian Mbilli qu’il a entraîné seul dans divers combats en France, c’est d’ailleurs de cette façon qu’il a rencontré Maïva. Décarie-Drolet donne également un coup de main à Stéphane Harnois dans le coin de la double championne IBF des super mi-moyens, Marie-Ève Dicaire.

Ayant la totale confiance de son professeur, Décarie-Drolet s’occupera seul d’Hamadouche afin qu’elle réalise son rêve de devenir championne unifiée de sa division.

C’est avec humilité et détermination que Maïva est arrivé dans la belle province pour ajouter des armes à son arsenal afin de faire d’elle la boxeuse la plus dominante des super plumes. La suite sera certainement intéressante. Elle combattra le 15 mars prochain si tout va bien, l’adversaire reste à déterminer.

Jeff Jeffrey : Bonjour Maïva ! Comment va l’entraînement ?

Maïva Hamadouche : Je suis vraiment contente d’être là, je suis vraiment bien accueillie. Mon entraînement est très bien encadré et professionnel. Je travaille fort avec Sam et toute l’équipe.

JJ : Est-ce que tu t’acclimates bien à l’hiver québécois ?

MH : Très bien ! J’habite tout près du gym de Marc à 1.8 km, donc ça se fait facilement.

JJ : On peut sans gêne dire que tu es une véritable guerrière. Tu as été six fois vice-championne de savate française. Comment ton intérêt pour le combat a débuté ?

MH : J’ai fait mon premier combat à 17 ans. Le combat est très différent des autres sports, l’intégrité physique y est plus en jeu, l’adrénaline n’est pas la même dû l’instinct de survie. J’ai toujours affectionné le combat et sa discipline, ce qui m’a mené plus tard quand je suis entré dans la police.

JJ : Tu as été élevée par une mère seule avec six enfants. Ça n’a pas dû être évident.

MH : Pas évident du tout. J’ai une situation familiale un peu compliquée avec plusieurs difficultés forcément. On s’en passerait tous, mais ça m’a forgée, m’a rendue plus forte et préparé aux adversités de la vie.

JJ : On m’a aussi dit que tu avais traversé une adolescence un peu turbulente.

MH : j’avais beaucoup d’énergie. Maintenant que je suis dans la police, je sais qu’il faut garder son sang-froid. Je le garde aussi pour la boxe, car j’en ai besoin pour libérer mon énergie. Je fais énormément de sports pour dépenser toute ça.

JJ : Quand et pourquoi tu es passé de la savate à la boxe ?

MH : En boxe française, la savate, les opportunités internationales étaient limitées. Il n’y a pas autant de compétitrices quand boxe anglaise, pas autant de rivalités que la boxe anglaise. Il me fallait une discipline qui correspond à mes ambitions. J’ai des bons poings, une bonne puissance, donc j’avais le besoin d’accomplir davantage. J’étais de la région parisienne, alors j’ai intégré l’équipe de France en boxe amateur.

JJ : Est-ce que la boxe t’a apporté la discipline nécessaire pour pratiquer le métier de policière ?

MH : Dès l’âge de 7 ans, je voulais devenir policière. Cependant, je ne savais pas si j’allais y arriver, car j’étais turbulente et j’avais une vie compliquée. Vers 14 ans j’étais assez bagarreuse, donc je suis tombé amoureuse de la boxe pour son côté physique. Je suis entré dans la police à 19 ans et je me questionnais si j’étais vraiment à ma place dû à la discipline. Mais je suis quelqu’un de très loyale qui aime aider les gens, ce qui a aidé.

JJ : Tu es une véritable héroïne. Tu as reçu la médaille de bronze du courage et du dévouement de la préfecture de Paris en 2018 pour avoir sauvé un jeune migrant blessé. Que peux-tu nous dire sur cet événement ?

MH : J’ai sauvé deux personnes. C’était deux migrants, ça me touche car ils n’ont pas la vie facile. Le deuxième avait reçu un coup de bouteille à la carotide.

JJ : Tu es connue pour être très agressive dans le ring et puissante. Tu as remporté les titres de championne de France, d’Europe et IBF des super plumes. Comment vois-tu ta superbe carrière en ce moment ?

MH : J’ai toujours cherché à gagner avant la limite depuis le début de ma carrière. Pour moi, c’est ma façon d’être efficace. Si mon combat va à la limite, c’est qu’il y’a un manque d’efficacité, quelque chose que j’aurais pu faire mieux.

JJ : Est-ce que tu crois qu’on va un jour atteindre la parité entre les hommes et les femmes dans l’univers de la boxe ?

MH : Je pense que les femmes se doivent d’être sensationnelles, donner un spectacle encore plus grand. On est obligé car je pense qu’on est plus intransigeant que pour les hommes. On va dans le bon sens. On a aussi besoin des rounds de 3 minutes comme eux. Je suis certaine que mon sort aurait été différent contre Mikaela Meyer si j’avais obtenu plus de temps pour terminer le travail. Il y’a encore beaucoup de chemin à faire au niveau argent. Les femmes ne sont pas suffisamment payées dans la boxe. La couverture médiatique commence à y être pour nous, c’est mieux qu’avant. Il doit aussi avoir des rivalités, c’est ce qui intéresse le publique.

JJ : Tu as remporté avec Mikaela Mayer le duel de l’année chez les femmes. Quelle est ta réflexion sur le combat aujourd’hui ?

MH : Quand je regarde le combat personnellement, j’ai remporté au moins 6 rounds sur 10 facilement en étant sévère. Je me suis battu chez elle en plus où on avait Mikaela partout en grande promotion, donc tout était décidé d’avance. C’est Top Rank qui organise et produise l’évènement. C’était un grand combat d’unification avec son titre WBO et le mien. Les scores ne reflétaient évidemment pas la réalité du combat. J’ai gagné ce duel, mais elle très doué, c’est vrai. Cependant, les juges m’ont donné très peu de rounds, d’ailleurs l’un d’eux ne m’a accordé aucun, je trouve que c’est un manque de respect. Mais en même temps, c’est à moi de faire une introspection et de voir ce que j’aurais pu changer pour m’assurer de la victoire. On a quand même fait le meilleur combat de l’année, ça j’en suis fière.

Mais il faut faire vivre la boxe avec ce genre de duel pour que la boxe féminine puisse monter en popularité.

JJ : Comment a débuté ton association avec Samuel Décarie-Drolet du clan Ramsay ?

MH : Je ne peux pas avoir perdu le combat contre Mayer. Je ne l’ai pas mise KO. En quelque part, il y’ eu un manque d’efficacité, quelque chose que j’aurais dû faire autrement. Je connaissais l’excellente réputation de Marc Ramsay. J’ai eu la chance de discuté avec Samuel en France et le courant passait bien. Marc ne pouvait m’entraîner lui-même, mais j’ai vite compris que Sam avait toutes les capacités nécessaires pour m’apporter les outils dont j’ai besoin pour être plus performante dans le ring.

Je m’entraîne au côté d’Artur Beterbiev, David Lemieux et plusieurs autres, ça me porte vers le haute et me motive énormément. Ici, je suis dans la cour des grands et je m’entraîne avec les meilleurs, je ne peux pas et je ne veux pas lâcher. 

JJ : J’ai vu également que tu animes des ateliers pour des femmes en difficulté. C’est très honorable.

MH : En fait, avec des ateliers de reprise de confiance en soi à travers la boxe. Le tout est encadré par des psychologues et la police nationale. Je partage mon savoir pour une bonne cause.

JJ : Merci beaucoup de ton temps Maïva.

MH : C’est un plaisir.

One comment

  1. Alex says:

    Très bon Jeff, merci de nous faire connaître Maïva🖤🥊

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